
Docteur Ouédraogo, médecin à Ouaga, il m’a tellement amusée qu’en sortant de son cabinet, c’est comme si j’avais avalé tube de vitamines, là même. Pourtant, il m’a expliqué que j’avais invité une bactérie à visiter mon organisme, du genre de celles qui vous laissent le loisir de lire l’intégrale de Proust au petit coin.
Quand un type est marrant et aime parler — comme la majorité des Burkinabè —, j’ai tendance à entretenir la causerie, et il finit toujours par me dire : «Tu poses beaucoup de questions, dêh ! T’es journaliste ou bien ?» Tant qu’on ne me dit pas «T’es de la police»… Les «hommes intègres» (signification de «Burkina», «faso» signifiant «pays») adorent les questions, car ça relance la conversation, un loisir qu’ils adorent : «causer», «échanger», «plaisanter.»
Arrivée au cabinet du docteur Ouédraogo sur la moto de mon ami A. (qui vérifiait à chaque carrefour si je n’avais pas chu de son âne à moteur), le doc nous attendait à l’entrée, dans sa blouse blanche, clope à la main : «Moto rouge, là, c’est pompiers pour une urgence ou bien ?» Je l’aimais déjà, ce docteur Ouédraogo.