"Il n'y a que les montagnes qui ne se rencontrent jamais"

C'est fou ce qu'ici on rate des occasions de se taire. Mercredi par exemple, je cherche un taxi dans le quartier de Gonghin, où il y a un festival de théâtre. Sur la voie où je me trouve, il passe un taxi toutes les demi-heures. Celui qui s'arrête, faut pas le rater ô, faut marchander : "Je paie pas mille francs, parce que sur la route, tu peux embarquer des clients, et on va encore se retrouver à 4 derrière collés-collés comme dans boîte de sardines." Je m'en sors à 400 francs et une jolie histoire.

La scène se passe alors que sur la banquette arrière, mon flanc droit est compressé par une dame bien en chair. Le type sur le siège passager me tape dans la main et dit : "Mais tu es ma belle-soeur ! " parce qu'il est Congolais et que je suis Belge. Puis il me raconte qu'il vend du piment, et qu'il est aussi artiste. "Si tu vends piment, là, artiste ça sert pas, c'est pompier qui est intéressant. Bon, mais comme artiste, tu fais quoi ? " Il chante dans un groupe de rumba congolaise. Dans ma tête fatiguée par la chaleur, là, ça fait tilt : chanteur, congolais, puis son visage... "Mais t'as joué au Majesty à Manga en novembre 2009 ! Même qu'on a pas mal échangé parce qu'on logeait à la même auberge !" Là-dessus, il se rappelle de notre causerie, me retape dans la main. Et c'est là que je m'emballe devant une telle coïncidence. "Mais ouiiii, même que ta femme s'est tirée pendant la nuit avec la recette du concert et que le lendemain, tu n'avais même plus de quoi payer le carburant pour continuer votre tournée !"
Et là, il me lâche : "Ah mais depuis on s'est réconciliés : ma femme c'est la dame assise à côté de toi".
"Euh... enchantée..."