dimanche 28 février 2010

Une aventure incroyable à 0,35 centimes d'euros


S'« Il n'y a pas de hasard, il n'y a que des rendez-vous », comme l'a écrit Paul Eluard, alors j'ai un agenda de ministre. Imaginez que le jour où José Bové se déclare candidat aux présidentielles françaises, il vienne le soir-même vous en parler dans votre salon. C'est ce qui m'est arrivé en version burkinabé, ce qui défie donc l'imagination.
Presque chaque matin (et attention le « presque » a son importance), je me rends « Au bon Samaritain », le magasin d'alimentation du quartier où je loge, et qui a des écriteaux du genre « Que Dieu vous bénisse durant vos achats ». Là, il y a un « kiosque à journaux », une vieille étagère qui aligne la presse, entre le rayon des conserves et celui des crèmes de soin au beurre de karité. J'achète « Le Pays », quotidien à la qualité très inégale, mais dont les analyses en matière de politique africaine me paraissent pertinentes. Et là, pour 250 francs CFA (0,35 centimes), il va m'arriver une aventure incroyable.

jeudi 25 février 2010

Le taxi et l'âne à moteur


J'ai rapidement abandonné l'idée de rouler en mobylette dans Ouaga. Je circule pourtant en scooter à Paris, mais ici, on se demande pourquoi la ville a investi dans des feux que tout le monde brûle, et le Ouagalais à moteur perd instantanément la faculté de tourner la tête pour voir si quelque chose arrive de la gauche. En réalité, la seule utilité que j'ai trouvée aux feux de signalisation, c'est quand je me perds et qu'on me dit : au deuxième feu à gauche. Les femmes sont très élégantes et très droites sur leur « âne qui fait vroum », mais elles se tiennent tellement droites que le port de tête va avec, et tant pis pour le champ de vision.

mercredi 24 février 2010

Le pagne de la Première dame



« Que Dieu t'encourage dans tes activités. » J'ai entendu cette phrase des dizaines de fois depuis quatre ans que je me rends au Burkina Faso. Et à chaque fois, je réponds aux aimables personnes qui m'encouragent : « merci », en pensant très fort que si « Dieu » est aussi doué pour m'encourager que pour sortir le Faso de la pauvreté, j'aime autant qu'il ne se mêle pas de mes reportages.
Je préfère penser que l'âme de Norbert Zongo, mon confrère burkinabé « assassiné par un accident de voiture » il y a plus de dix ans, veille sur les activités des journalistes dans son pays.
Je m'intéresse pour l'instant à la ferveur pour la Journée internationale de la femme, le 8 mars. Je prépare un reportage sur cette fête qui dépasse Noël et Nouvel an réunis. J'ai en tête l'image de ces milliers de femmes au bord des routes, se rendant l'an dernier aux célébrations, habillées dans le même pagne (le fameux tissu africain souvent très coloré.)

lundi 22 février 2010

Bière "tapée" et femme fraîche


Méfiez-vous du Burkinabé qui propose d'aller boire « une » bière, surtout le week-end. Sous 42° à l'ombre, aller boire une Brakina bien tapée (marque de bière, « bien fraîche ») relève de l'instinct de survie. A Ouagadougou, le quartier de Paspanga, c'est un peu Yopougon à Abidjan (Côte d'Ivoire), pour ceux qui connaissent la fameuse BD « Aya de Yopougon. » Populaire, tranquille, authentique. Mon ami B. a fait du maquis appelé « L'ambassade » son quartier général. Pour contourner les impératifs légaux, ce bar n'a pas d'enseigne. Mais il est tenu par des Ivoiriennes, alors, les Burkinabés l'appellent « L'ambassade. »
Au départ, on est deux, à boire cette Brakina bien tapée qui n'existe qu'en bouteille d'un demi litre (l'instinct de survie prend d'autres dimensions en Afrique.) Puis, le garagiste du quartier arrive avec un gendarme du coin. Eux, ils attaquent l'après-midi à la Guiness « avec des glaçons, parce que la Guiness c'est lourd et fort, alors les glaçons, ça la dilue, ça garde la bière bien fraîche et tout le goût.»

dimanche 21 février 2010

Le supermarché, c'est la classe internationale


Le supermarché, c'est comme l'opéra : il faut y être vu. On vient pour se montrer, impressionner ses copains, en clair : le Carrefour du coin, c'est « the place to be. » De passage à Ouaga pour deux ou trois jours, le Nasara (« le Blanc ») préférera le marché, ses montagnes faussement bancales de légumes, et causer avec les femmes qui vendent la tomate et l'igname.
Mais la Blanche qui vient de s'installer pour un mois a décidé de faire rapide et efficace pour son nécessaire de survie, en allant dans le seul supermarché de la capitale, bien sûr tenu par des Libanais. Je m'y suis rendue le premier jour avec mon ami B., un gars stylé qui ne met jamais les pieds au supermarché mais qui a le look pour faire comme s'il y allait tous les jours.
Alors que j'étais entrain de m'extasier devant le rayon des vins (j'ignorais qu'il était si facile de trouver une bouteille de pinard à briser en cas d'urgence), B. tombe sur un de ses vieux amis perdu de vue depuis un an. Un beau gosse, lunettes sur la tête, jolie chemise à motif d'éléphants sur un pantalon de costume, et le port nonchalant du cabas (style : moi le supermarché, je pratique à fond, walaï !)