jeudi 25 février 2010

Le taxi et l'âne à moteur


J'ai rapidement abandonné l'idée de rouler en mobylette dans Ouaga. Je circule pourtant en scooter à Paris, mais ici, on se demande pourquoi la ville a investi dans des feux que tout le monde brûle, et le Ouagalais à moteur perd instantanément la faculté de tourner la tête pour voir si quelque chose arrive de la gauche. En réalité, la seule utilité que j'ai trouvée aux feux de signalisation, c'est quand je me perds et qu'on me dit : au deuxième feu à gauche. Les femmes sont très élégantes et très droites sur leur « âne qui fait vroum », mais elles se tiennent tellement droites que le port de tête va avec, et tant pis pour le champ de vision.

J'avais pensé à la mobylette, parce qu'à chacun de mes passages au Burkina, je fatigue de devoir marchander avant, pendant et après ma course le prix du trajet. Au mieux, pour 4 kilomètres, je m'en sortais à 2000 francs CFA (3 euros.) Walaï, je me fais arnaquer depuis quatre ans ! Le tarif de la course est fixé à 200 CFA (30 centimes.) C'est ma copine M., qui loge dans la même chambre d'hôte que moi, qui m'a expliqué le truc. « Et surtout, tu fais comme si t'avais l'habitude, tu dis ta destination, et à la fin, tu lâches la pièce de 200 francs. »
Depuis, j'ai constitué un stock de pièces de 200 francs, au cas où je devrais remarchander pour récupérer ma monnaie. Et surtout, j'ai eu un briefing de A., le patron de l'auberge : le taxi, c'est comme un bus, il y a des stations, et on partage la course (il arrive donc fréquemment que nous soyons quatre à l'arrière, comme s'il ne faisait pas déjà assez chaud). Parfois, je dois donc changer de taxi. Sauf qu'il faut savoir quand s'arrêter, parce qu'il n'y a pas une petite voix enregistrée qui dit : « Vous êtes arrivé au Marché Central. Connexion avec la ligne Dapoya. »
J'aurais eu tort de louer un âne à moteur : au lieu de finir en bouillie de farine de maïs sur la voie, je tape la discute avec des tas de gens. Comme on dit ici, « on cause », on « échange », et je récolte plein d'infos sur la ville, la société, les moeurs. D'ailleurs, maintenant, j'ai un super truc : je lance un débat qui concerne le reportage sur lequel je travaille, et y'a plus qu'à ramasser les infos. La banquette arrière s'anime, et on oublie qu'on risque de tuer un cycliste à chaque carrefour.
Aujourd'hui, sur le siège passager, j'ai frôlé le torticolis pour animer l'agora derrière moi. J'ai surtout frôlé la carotide sectionnée, derrière le pare-brise qui n'était plus du tout « pare », mais entièrement brisé. Je pense que si on s'était pris une plume de poulet, je me retrouvais avec le « pare-brisé » sur les genoux. Bête réflexe, j'ai chaussé mes lunettes de soleil pour tenter d'au moins sauver les yeux. Le truc qui reste pour pleurer, en gros.
Le type qui va importer Carglass à Ouaga, soit il va devenir fou, soit il va devenir millionnaire.

1 commentaire:

  1. Je suis littéralement écroulée ! Tout ça parce que en lisant, j'imagine la scène ! Qué d'jeu dîn l'taxi !! comme on dirait chez nous !
    N'empêche, ils ne doivent jamais être stressés ces gens... je les envie ! L'âne à moteur, joli !! C'est comme le fax : téléphone à papiers !

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