jeudi 4 mars 2010

La piscine, c'est froid, dêh !


La chaleur est arrivée plus tôt que prévu au Burkina, et même en cette saison sèche, où tout ce qui était vert est devenu jaune, les moustiques sont au taquet, à l'affût de ma peau blanche qui capte le moindre rai de lumière dans l'obscurité. « Fé chô, dêh ! », « Est-ce que la chaleur ne t'accable pas trop dans tes activités ? », « Le record à Ouaga, c'est 47,7° ! » Bref, si vous aviez oublié le mercure, il y a toujours quelqu'un pour vous rappeler les 42° à l'ombre. Ici, le Coca se transforme en infusion en dix minutes chrono.
L'Harmattan peut souffler et soulever la poussière, c'est pire. C'est comme si Dieu s'était fait un brushing et qu'il avait oublié d'éteindre le sèche-cheveux : ça souffle chaud. Pareil pour le ventilateur : c'est pire que mieux. La semaine dernière, dans les bureaux de la Direction de la promotion de la femme, la climatisation fonctionnait à plein tube, réglée sur 18°. J'ai quasi eu un choc thermique. Question gaspillage, les championnats sont ouverts : régler la clim' sur 25°, ce serait déjà très frais comparé à la température ambiante.

Bref, vers 15h – 16h, le mercure explose, et la dernière solution, c'est la piscine. L'autre jour, notre copine burkinabé A. nous accompagne, bien qu'elle ne sache pas nager. D'ailleurs, certains Ouagalais se font prêter un maillot, car une minorité de la population sait nager, dans ce pays sans accès à la mer, au climat sahélien (l'eau d'une seule piscine pourrait certainement contribuer à abreuver et nourrir tout un village.)
Donc, A. enfile son maillot et agrippe sa bouée. Trop heureuse de ce rare moment dans une vie de Burkinabé lambda, elle traverse fièrement le bassin en hurlant : « Laissez passer Laure Manaudou ! » Comme l'ex-championne française de natation, A. a des faux ongles si longs qu'ils lui servent de palmes au bout des doigts.
Elle décide de lâcher sa bouée le temps d'une largeur. Je lui crée un couloir en faisant barrière aux dizaines de petites grenouilles noires et blanches qui batifolent. Elle s'élance sous la surface (elle n'a pas encore trouvé le moyen de flotter sans bouée), et à sa sortie, elle crie : « J'ai perdu un faux ongle, dêh ! » Moi : « Je sais, il est planté dans ma cuisse ! »
Et encore, c'était rien à côté de ce qui va se passer plus tard : notre copine S. nous rejoint (une de celles qui regardent « Ana les deux visages », voir article précédent.) C'est la deuxième fois de sa vie qu'elle trempe les pieds dans une piscine. « C'est froid ô ! » (Pour info, le soleil tape tellement que l'eau atteint les 30°) Elle emprunte la bouée et barbote du côté des grandes profondeurs. Je vois A. qui la suit, sa main manucurée accrochée à « la chambre à air », prête à crever avec ce qui lui reste de faux ongles. Je sens la catastrophe arriver, et, grave erreur ô, je m'approche. A. perd la bouée, tente de rester à la surface, mais entame une noyade avec la tête à l'envers et les jambes qui s'agitent à la surface. Elle chope mon épaule pour reprendre une goulée d'air, ce qui me fait boire la tasse. Et au moment où je remonte, je sens une french manucure qui agrippe le dessus de mon bikini et qui me laisse quasi topless dans la piscine. Heureusement qu'un charmant expatrié récupère A. pour la ramener près du bord. Pour notre sécurité à tous, nous sommes fermement décidés à lui apprendre à nager : « Bon, Laure Manaudou, demain six heures du mat' dans le grand bassin ! »
En photo : Laure Manaudou dans ses oeuvres (les yeux fermés, pour rester anonyme !)

1 commentaire:

  1. La piscine maintenant... quand nous, nous regardons tomber la neige fondante... aucun respect pour les p'tits Belges au boulot !
    Alors... Charline, "maître-nageur" une occupation palpitante ?

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